Discours inaugural du Professeur Arie Trouwborst
Une vision pour le droit de la faune, la restauration des écosystèmes et les droits de la nature
Le 26 janvier 2024, le Professeur Dr. Arie Trouwborst, né en 1975, a prononcé son discours inaugural en tant que professeur titulaire de droit de la conservation de la nature à l’Université de Tilburg, un poste qu’il occupe depuis le 1er mars 2023. Ce discours marque une étape importante dans la carrière d’un académicien qui consacrera sa vie à l’étude du droit de la conservation de la faune.
Comprendre et appliquer les “règles du Serengeti” pour des écosystèmes durables
Lors de son discours, le Professeur Trouwborst a mis en lumière le concept des “règles du Serengeti”, un terme introduit par le biologiste Sean Carroll. Ces règles régissent l’équilibre des écosystèmes, influençant la diversité et l’abondance des espèces. Elles englobent divers facteurs tels que la territorialité, la compétition, l’approvisionnement en nourriture végétale, la prédation, les maladies et les migrations, tout en s’appuyant sur des mécanismes de régulation et de rétroaction pour garantir la prospérité des écosystèmes.
Le professeur a souligné que le monde obéit à des règles fondamentales, non seulement celles de la physique et de la chimie, mais aussi celles qui régissent la vie à tous les niveaux, des cellules aux écosystèmes entiers. Il a donné l’exemple du comportement territorial de la grive draine, qui ne rivalise qu’avec ses congénères pour son territoire, régulant ainsi les ressources et prévenant la surpopulation.
Cependant, il a observé que les humains ont largement dévié de ces règles écologiques. En revendiquant des droits exclusifs sur les terres et les mers, en se montrant intolérants envers d’autres espèces et en ignorant les “règles du Serengeti”, l’humanité a profondément transformé, voire détruit, des écosystèmes. Il a mis en garde contre une crise mondiale imminente de la biodiversité, où les humains et leurs élevages représentent 96 % de la biomasse totale des mammifères terrestres.
Pour contrer cette crise, il propose un changement transformateur des activités humaines vers des pratiques plus durables. Il a insisté sur la nécessité de prioriser la conservation et la restauration des habitats naturels. Une partie centrale de son discours a porté sur le rôle crucial du droit de la faune pour traduire ces règles écologiques en législation, limitant ainsi les activités humaines à des niveaux durables.
Le droit de la faune : une clé pour la conservation de la biodiversité et les droits des espèces
Le Professeur Trouwborst a souligné le rôle essentiel du droit de la faune pour réduire notre empreinte écologique et affronter la crise de la biodiversité. Il a expliqué que ce droit impose des restrictions légales aux activités humaines nuisibles à la nature, permettant d’utiliser les leçons du passé pour relever les défis actuels. Il a aussi insisté sur le fait que le droit de la faune reconnaît la valeur intrinsèque de la biodiversité, affirmant que toutes les formes de vie méritent respect, indépendamment de leur utilité pour l’humanité.
Un point clé de son intervention concernait la nécessité d’établir des limites légales rigoureuses pour contrer le “syndrome de la ligne de base glissante”, ce phénomène où l’humanité accepte progressivement la dégradation continue de la nature. En outre, il a souligné l’importance croissante du droit de la faune à la lumière des connaissances scientifiques sur la conscience et l’autonomie des créatures non humaines, ajoutant une nouvelle dimension à la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la faune. En somme, le droit de la faune est essentiel non seulement pour préserver la biodiversité au profit de l’humanité, mais aussi pour reconnaître le droit inhérent de toutes les formes de vie à exister.
Faire progresser le droit de la faune : perspectives du Professeur Trouwborst sur la restauration des écosystèmes et les droits de la nature
Dans son discours, le Professeur Trouwborst a présenté une vision d’avenir pour le droit de la faune, mettant l’accent sur la restauration des écosystèmes et la reconnaissance des droits de la nature. Il a plaidé pour accorder plus d’espace à la nature et encourager une coexistence pacifique entre les humains et la faune.
Il a proposé que le droit de la faune prenne en compte la valeur intrinsèque de la faune et intègre les “règles du Serengeti” dans les structures juridiques humaines. Il a évoqué un mouvement croissant en faveur des “droits de la nature”, où des éléments de la nature – forêts, montagnes, rivières – sont considérés comme des entités juridiques dotées de droits spécifiques. Cette approche pourrait renforcer la représentation de la faune et des écosystèmes dans les décisions qui les concernent.
De plus, il a souligné l’importance de réparer les dommages causés et de promouvoir des initiatives efficaces de restauration des écosystèmes, en phase avec les objectifs de la Décennie des Nations Unies pour la Restauration des Écosystèmes et le Cadre Mondial de la Biodiversité. Il a également abordé les considérations éthiques liées à l’abattage des animaux sauvages, suggérant que le droit de la faune devra, à l’avenir, traiter cette question complexe.
Ce discours inaugural trace une voie ambitieuse pour un droit de la faune innovant, qui harmonise les besoins humains et la préservation de la nature tout en reconnaissant les droits fondamentaux de la faune et des écosystèmes.